
Jour 1
Nous atterrissons à São Paulo où nous faisons connaissance avec notre petit groupe : Fanny de Belco, notre guide passionnée, et quatre autres torréfacteurs venus de France, Belgique et Roumanie. Après un trajet de 4 heures, cap sur Igarai, direction la Fazenda Ambiental Fortaleza (FAF), notre camp de base pour la semaine.
La FAF, fondée il y a 25 ans par la famille Croce, est aujourd’hui dirigée par Felipe, qui y développe un modèle d’agroforesterie et d’agriculture régénérative. Malgré la saison sèche, la pluie nous accueille à notre arrivée, un événement rare qui perturbe le séchage des cafés en cours. Des tests en tasse permettront de savoir si certains lots devront être déclassés.
Après un savoureux repas entièrement issu de la ferme (fruits, légumes, œufs, miel, viande, pain…), Felipe nous fait découvrir sa « biofactory », un espace de production de traitements naturels à base de micro-organismes, principalement issus de la canne à sucre, utilisés pour nourrir et soigner les sols et les plantes.
Ici, aucun pesticide : la biodiversité est au cœur de l’équilibre. Felipe expérimente également des variétés éthiopiennes et a mis au point un indicateur de durabilité (HNV) pour guider les producteurs vers une agriculture plus résiliente.
Jour 2
Le lendemain matin, un brin de tension : des gelées étaient prévues. Finalement, les températures ne sont pas descendues en dessous de 4°C, aucun dégât à signaler.
Nous assistons à une présentation d’étudiantes en agronomie venues étudier la qualité des sols en comparant monoculture et agroforesterie. Leur objectif : atteindre un taux de sucre (brix) de 20 % dans les cerises de café – un seuil rarement franchi en monoculture.
Au laboratoire qualité, 350 g de café vert sont analysés pour évaluer leur niveau de défauts. À titre de comparaison : les cafés "entrée de gamme" de la FAF ne comptent pas plus de 40 défauts (contre plus de 80 dans l’agriculture conventionnelle), tandis que les microlots oscillent entre 6 et 8.
L’après-midi, nous entamons une session de cupping avec des cafés de la région, dont plusieurs microlots entièrement traçables. L’objectif : sélectionner un café brésilien durable pour notre future gamme BtoB et nos blends 2026.
Nous visitons ensuite deux exploitations agroforestières inspirantes, dont une parcelle en altitude considérée comme inadaptée à l’arabica dans le futur… que Felipe transforme pourtant pour les décennies à venir.
Enfin, belle rencontre avec Roberto, producteur de cachaça, qui amorce sa transition vers une agriculture régénérative, sans intrants, avec un projet d’intégration progressive d’arbres sur ses terres.
Jour 3
Nous débutons la journée par un cupping des cafés Bob-o-Link, un collectif de producteurs engagés dans une démarche durable.
Moment fort : la rencontre de Roberto Prado, 28 ans, qui a fait le choix courageux de reprendre la ferme familiale malgré les difficultés et les réticences de ses parents. Il souhaite abandonner l’agriculture conventionnelle pour un modèle agroforestier, épaulé par la FAF. Les impacts du dérèglement climatique sont déjà bien visibles : floraisons irrégulières, baisses de rendement…
Nous visitons ensuite la ferme de Roberta Goulart, qui a rejoint la démarche de la FAF après avoir constaté l’inefficacité des intrants chimiques contre la rouille. Elle teste désormais les biofertilisants naturels et le modèle agroforestier. Le cupping se fait en plein air, grâce au laboratoire mobile « Lado a Lado », qui permet aux producteurs de goûter leur café pour la première fois.
Jour 4
La journée commence avec Clayton, pilier de la FAF depuis 20 ans. Il maîtrise l’ensemble des étapes de fermentation et de séchage. Puis, nous découvrons la plantation de Patricia, un modèle de co-culture où caféiers, avocatiers et maïs cohabitent sans aucun intrant, protégés naturellement par la biodiversité.
Nous poursuivons avec la visite de la ferme Santa Clara, propriété de Milton Nogueira, 72 ans, ancien banquier devenu l’un des pionniers du café 100 % bio de la région. Il cultive également du maïs, des ananas et des haricots. Son séchoir maison opère à basse température (40°C) pendant 48 heures. À deux seulement, ils gèrent toute l’exploitation.
Clap de fin dans la vallée Serra dos Ciganos, où nous rencontrons Joao Hamilton, producteur emblématique et co-gérant d’une station de séchage de 2 hectares. Ici, 40 producteurs déposent leurs lots, chacun traité séparément avec une traçabilité rigoureuse.
Mais tout n’est pas rose : les producteurs partagent leurs inquiétudes face à la montée des prix du café, qui attire désormais les convoitises… et parfois les vols
Bilan
Une semaine intense, riche en découvertes, en échanges et en inspiration. Ce voyage renforce notre conviction : le café est bien plus qu’un produit de consommation. C’est un fruit de terroir, un lien vivant entre des pratiques durables, des hommes et des femmes passionnés, et un avenir agricole à réinventer.
Vous souhaitant une agréable visite, si vous avez besoin d'un complément d'information concernant votre Torréfacteur à Castres : prenez contact dès à présent.